Je n'ai jamais rencontré mon grand-père. Le seul souvenir que j'avais de lui était sa Yamaha 125 de 1979. Mon père m'avait appris à conduire avec, avant de me l’offrir. J’allais au travail tous les jours avec. Bien qu'elle soit lente et souvent en panne, son style des années 70 faisait de moi la fille la plus heureuse sur les routes de Paris.
Un jour, alors que mon antivol venait de me lâcher, je l’ai laissée quelques heures seule dehors, comptant sur son grand âge et ses nombreux défauts pour repousser les velléités de vol. Evidemment, quand je suis revenue, ma moto avait disparu. Je me suis immédiatement rendue au poste de police pour expliquer ma triste situation. Mais sans carte grise, impossible pour la police de la retrouver. Je suis donc partie avec des larmes coulant sur mon visage et l'impression qu'un morceau de moi était perdu.
Dès que je suis rentrée chez moi, j'ai cherché ma moto sur Le Bon Coin. Après deux mois de recherche inlassable, il était temps d'acheter sa remplaçante, exactement la même, mais j’ai gardé des alertes sur son modèle et sa couleur, au cas où elle réapparaîtrait miraculeusement.
Deux années plus tard, j'ai reçu une notification, cliqué dessus, et réalisé que c'était ma moto, prise en photo à Reims par un certain Fred ! Elle avait les mêmes bosses, les mêmes enfoncements et les mêmes rayures. Je n’en croyais pas mes mieux, mon cœur battait à la chamade. J'ai immédiatement appelé un ami, qui m'a conseillé de rencontrer le vendeur et reprendre ma moto, quitte à se battre s’il le fallait. Au vu de mon gabarit, ma personnalité et mes valeurs, j'ai vite conclu que ce n'était pas la bonne stratégie…
Je suis donc allée même au poste de police et leur ai raconté l'histoire. Ils m'ont dit d'abandonner car ma moto ne valait pas l’effort et le risque. Mais, ma moto étant proposée à 400 €, j'ai décidé de la racheter quand même. J'ai donc envoyé un message au vendeur sans lui révéler mon identité et nous avons convenu que je vienne la semaine suivante à Reims.
Bien qu'il ait accepté, je suis restée sans nouvelles de sa part et ai fini par remarquer que la moto n'était plus en vente sur le site. Désespoir, j’avais de nouveau perdu ma moto ! Dans un dernier espoir, j'ai envoyé un message à Fred en lui expliquant toute mon histoire et combien la moto signifiait pour moi.
Environ 15 minutes plus tard, Fred a répondu, m'a donné son numéro et m’a dit de l’appeler. À ce stade, j’étais terrorisée car je ne savais pas à quoi m'attendre. Après tout, Fred pouvait avoir volé mon vélo et donc me menacer si je le dénonçais. Étonnamment, quand je l’ai appelé, il m'a dit à quel point il était touché par mon histoire, et m'a proposé de me rendre la moto gratuitement. Il m’a d’ailleurs précisé qu’elle avait été vendue lors une foire à un couple, qui l'a ensuite revendue à une autre personne, qui a fini par la lui revendre…
Comme quoi, on ne sait jamais comment les choses vont se passer, dans un sens ou dans un autre. J’ai appris la leçon, je lâche prise mais je n’abandonne jamais ! D’ailleurs, cela fait deux ans que je cherche le logement de mes rêves, et je n’ai pas abandonné, j’attends juste la bonne notification Se Loger !